Le terme « d’allemande » appliqué à des danses françaises a des antécédents divers.
L’allemande est citée par THOINOT-ARBEAU dans son Orchésographie (Traité de danse 1588) comme une danse en cortège mais qui n’a plus cours à la fin du XVIIe s.
Au début du XVIIIe, Louis PéCOUR écrit une « allemande » qui devait avoir un succès durable. C’est une danse pour couple seul, qui ne justifie son nom qu’en empruntant à des danses d’outre-Rhin l’une de leurs dispositions habituelles : partenaires côte à côte mais orientés en sens inverse l’un de l’autre, épaules droites en regard, mains unies croisées derrière le dos. Pas et figures sont tirés du fonds de la danse française de cour.
Cette figure fut reprise dans la contredanse française sous le nom « d’allemande » ou « bras d’allemande » un tour par couple effectué sur place dans cette même disposition. C’est le seul trait commun entre l’allemande, figure élémentaire des contredanses françaises et l’allemande danse de Pécour.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, on danse à Paris sous le nom d’allemande une danse effectivement importée d’Allemagne, mais fort éloignée, de ce qu’elle est dans son pays d’origine.
Deux maîtres à danser parisiens : DUBOIS et GUILLAUME fournissent à son sujet des indications assez précises. Le plus souvent dansée par un seul couple, l’allemande se caractérise principalement par les « passes » qu’exécutent les deux danseurs. Guillaume en 1770, distingue 3 positions fondamentales :
- main G de la dame dans la main D du cavalier
- main G de chacun des partenaires dans la main D de l’autre
- mains G unies entre elles, mains D entre elles, bras G croisés
sur les bras D
Au cours de la danse, les exécutants passent sans cesse d’une tenue à une autre, tournant sur eux-mêmes ou l’un autour de l’autre, passant sous les bras, qu’ils croisent, élèvent, abaissent, décroisent de cent façons diverses.
Les pas sont de 2 sortes : quand l’air est 2/4 on adopte une espèce de pas de bourrée jetté qui marque 3 temps du mouvement. Quand l’air est en 3/8 on fait un autre pas : « en posant la pointe du pied D et sautant dessus (2 temps), la même chose du pied G.
Cette allemande étant en vogue à Paris, les compositeurs l’adaptent à la contredanse française pour 4 et pour 8. Dans un 3e volume paru en 1765 le sieur de LA CUISSE écrit « nous donnerons quelques airs allemands avec des figures pour être dansées à huit comme nos contredanses ».
Source : La contredanse un tournant dans l’histoire française de la danse de J Michel Guilcher
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