Cet accessoire en voie de disparition aujourd’hui, a pourtant eut au cours des siècles, des fonctions multiples : protection contre le froid ou les blessures, symbole de pouvoir, vecteur de communication, voire arme mortelle…
Objet utile de protection contre le froid ou les travaux dangereux
Le gant est fait de matières diverses : tissé en laine, en coton ou fabriqué par les gantiers à partir de peaux d’animaux (daim, chien) préparées par les tanneurs. On a retrouvé des moufles tricotées datant du XVe siècle.
Au Moyen-Age les gants avaient soit 5 doigts, soit 3 doigts, soit des moufles.
Sous Louis XIII les gants étaient en cuir et brodés au poignet. On les portait souvent à la main sans les enfiler.
En fin de règne de Louis XIV lorsque la demi-manche apparut les gants réapparurent pour couvrir l’avant bras. Les femmes portaient aussi des gants courts faits au point d’Angleterre.
Au premier Empire les robes étant à manches courtes on vit apparaître des gants très longs portés au-dessus du coude.
Par contre au Second Empire avec les manches longues ou trois-quart les femmes portaient des gants courts en cuir fin ou en dentelle. Les autres accessoires étaient l’ombrelle et l’éventail.
Les mitaines étaient une sorte de gants à doigts coupés en cuir ou en dentelle.
A la Belle époque le gant est un accessoire de mode élégant. On sort avec un chapeau et des gants.
Accessoire symbolique : insigne du pouvoir et marqueur social
Vers l’an 800 les gants deviennent objets liturgiques associé à l’onction car ils protègent et purifient les mains.
Après l’an 1000 le port des gants est un privilège du pape et des évêques qui peuvent garder leur gants à l’église, contrairement aux autres religieux et aux laïques.
Les gants médiévaux portés par les souverains et le clergé sont des objets de grand luxe.
A partir du XIIIe s les gants sont portés par ceux qui ont une autorité ou détiennent un certain savoir : philosophes, médecins, universitaires, juges. Ils sont faits en soie, lin, peau ; de forme amples ou ajustée avec ou sans poignet. Souvent blancs, ils peuvent être de couleur, brodés, avec des appliques de tissu ou de pierreries.
En France c’est à partir du XIVe s que les gants font partie du rituel du couronnement dans les textes.
Au Moyen-Age la fonction du gant est celle d’un attribut du pouvoir délégué :
c’est un « gant voyageur « qui prend la place du roi. Le porteur du gant royal parle à la place du souverain. C’est un équivalent du sceau. Il peut d’ailleurs porter des armoiries.
Le gant voyageur est confié aux messagers, ambassadeurs comme signe d’immunité, de représenter une personnes au loin
Il est aussi la preuve de la concession de la terre par le souverain. Précieusement gardé, le gant sera rendu au seigneur à la mort du bénéficiaire. Il en est de même pour les rentes versées à vie.
Le gant marqueur social : un prolongement juridique du corps il représente la personne de loin.
Au XIIIe siècle le gant devient un accessoire, masculin comme féminin, pour la noblesse, pour son élégance mais aussi parce qu’il participe à une gestuelle très codée :
- l’offrir : symbolise un engagement (promesse de mariage, alliance, transaction). On retrouve ainsi l’usage de porter des gants « beurre frais » pour le jeune homme qui fait sa demande en mariage au père de sa promise au XIXe siècle.
- le rendre : signifie une rupture, une brouille
- le lancer est un geste de défi qu’on relève par les armes en duel
Le gant : arme mortelle
Le gant empoisonné aurait été la cause de morts célèbres au cours de l’histoire.
En 1002 mort de l’empereur Ottor III.
Mort de Jeanne d’Albret (mère d’Henri IV) après le port de gants offerts par Catherine de Médicis.
Catherine de Médicis fut une reine célèbre par ses beaux gants brodés et ornés de pierreries. Ils étaient parfumés par René son parfumeur favori. C’est une paire de gants venimeux qu’elle offrit à Jeanne d’Albret qui causèrent sa mort.