Plusieurs corps de métiers bien distincts ont concouru à la fabrication des tenues féminines.
La marchande de mode conçoit la toilette et la pare de divers ornements qui vont donner un style personnel adapté à sa cliente. Elle fait aussi les chapeaux et les coiffes généralement dans le même tissu que la robe afin de créer une harmonie d’ensemble. Mais peu à peu ses attributions vont s’étendre.
Quant à la couturière c’est l’exécutante, celle qui coud, qui fabrique réellement la robe.
Deux marchand.e.s de mode vont atteindre la célébrité au XVIIIe siècle, d’abord par la position de leur cliente mais aussi par l’ascendant qu’iels prendront sur elle.
Rose Bertin et Marie-Antoinette
La première est la célèbre Marie-Jeanne Bertin* dite « Rose Bertin » : née à Abbeville en 1746, elle part à Paris à 16 ans pour y travailler. puis rentre au service de Marie-Antoinette.
Elle sera appelée son « Ministère des Modes », car non seulement elle créé des nouveautés pour la reine, mais elle avait un sens des affaires développés qui conduira la fashion victim royale a des dépenses excessives alors que France traversait une crise financière.
Elle a ouvert un magasin près du Palais-Royal, « Le grand Mogol », et continuera à livrer des robes modestes à Marie-Antoinette jusqu’à son transfert à la Conciergerie. Mais elle refuse de créer des robes « à l’égalité » aux prémices de la Révolution.
Elle va à Londres pour échapper à la Terreur et ne rentre en France qu’en 1795. Tombée dans l’oubli elle meurt le 22 septembre 1813.
Louis-Hippolyte Leroy et Joséphine
Le deuxième est Louis-Hippolyte Leroy, qui fut d’abord coiffeur à la cour de Versailles puis marchand de mode dans sa boutique rue de Richelieu. Puis il l’intéressa à la couture en s’associant à une couturière de talent, Mme Raimbaud.
Il ne créait rien mais faisait exécuter des modèles fournis par divers articles spécialisés comme Louis Philibert Debucourt, J-Baptiste Isabey, Auguste Garneracy. Ils parviendront à fournir le trousseau impérial de Joséphine de Beauharnais et son costume de sacre. La ligne « Premier Empire » est ainsi lancée, caractérisée par une taille haute qui sera peu à peu copiée par les autres cours d’Europe.
Très ambitieux et sans scrupule, il rompt sa collaboration avec sa couturière et s’approprie les patrons qu’elle avait mis au point. Désormais seul à la tête de sa maison de couture, L H. Leroy reçoit les commandes des différentes cours européennes et préfigure ainsi le « grand couturier » contemporain.
L’ère des couturières
Les robes impériales privilégient la beauté des tissus et de la coupe mais portent peu d’ornements, aussi la profession de marchand de mode disparaît peu à peu au profit des couturières, qui travaillent à façon pour leurs clientes plus ou moins riches.
Ces artisanes, souvent de conditions modestes, auront, selon leur savoir-faire et leur créativité, une certaine notoriété, telles Mme Palmyre et Mme Vignon, couturières attitrées d’Eugénie de Montijo lorsqu’elle épouse Napoléon III en 1853.
La profession de modiste continue d’exister mais est limitée à la confection de chapeaux, à laquelle contribuent aussi divers corps de métier très spécifiques.