La contredanse est d’abord anglaise
La contredanse désigne une danse d’origine anglaise : la country danse soit danse de campagne dans laquelle les danseurs se positionnent sur deux lignes en vis-à-vis. Elle apparaît en Angleterre au milieu du XVIe siècle, au début du règne d’Elisabeth I car les habitants des campagnes avaient l’habitude de danser devant elle lors de ses visites des danses typiquement anglaises.
Le collecteur et imprimeur John PLAYFORD (1623- 1686) publia en 1651 un ouvrage intitulé The English Dancing Master qui rassemble 105 manières de danser la Country Dance. Cet ouvrage sera complété jusqu’en 1728, référençant alors 900 danses et plusieurs volumes.
Les danseurs sont généralement placés sur 2 lignes de vis-à-vis en »longway » ou quelquefois en cercle. La particularité est le déplacement des danseurs avec des petits pas rapides et légers sans difficulté particulière. On peut danser en couple avec son partenaire, avec celui de vis-à-vis ou le partenaire opposé. Il y a des changements de direction afin de constituer des figures plus ou moins élaborées. Généralement les couples se déplacent en progressant : ils « descendent » ou « remontent » entre les deux rangées de danseurs. Lorsque chaque couple ayant progressé, a retrouvé sa place initiale, la danse est considérée comme terminée ex : la valse du duc de Kent
La contredanse arrive en France au XVIIIe
La mention de contredanse apparaît pour la première fois dans un écrit relatant un bal à Fontainebleau où Mme la Dauphine fait une démonstration grâce à son maître à danser anglais Isaac d’Orléans qui lui enseigna cette danse. Le maître de danse français André LORIN alla à Londres pour apprendre ces danses et les rapporter à la cour de France. A la fin du règne de Louis XIV on dansait quelques contredanses à la fin des bals.
La nouvelle danse gagne l’aristocratie française et obtient une grande popularité. Ce succès va durer tout au long du XVIIIe siècle.
Mais en France certains pas baroques sont gardés pour mettre en valeur la dextérité des danseurs. On y retrouve le pas de bourrée, le demi-contretemps, le pas de gavotte et le pas de rigaudon qui termine souvent un déplacement. Ces pas viennent enrichir les figures de bases et les déplacements dans les contredanses.
Il faut donc des danseurs ayant une certaine dextérité ce qui est possible dans la haute société où les cours de danse et de maintien font partie de la bonne éducation.
Les figures de contredanses seront d’abord exécutées en colonnes par plusieurs couples sans nombre limité puis petit à petit par quatre couples (ou deux couples qu’on va appeler « cotillon » ou contredanse française.
Certaines danses vont avoir une structure mixte comme « La Galopade« * qui se danse en deux lignes en vis-à-vis avec progression des couples (comme la contredanse anglaise) mais on va faire les déplacements avec les pas baroques (apport français).
La contredanse française en carré
Classiquement, la danse se déroule en alternant neuf « entrées » (couplets) avec un « refrain » (figure spécifique à chaque contredanse). Les neuf entrées sont, dans l’ordre :
- le rond,
- la main,
- les deux mains,
- le moulinet des dames,
- le moulinet des hommes,
- le rond des dames,
- le rond des hommes,
- l’allemande
- à nouveau, le rond pour terminer.
Les maître de danse multiplient les chorégraphies qu’ils font publier sous forme de feuillets contenant la musique et quelques indications brèves et les schémas des figures. C’est une danse très en vogue au Directoire et sous le Premier empire dont plusieurs figures reprendront des noms évocateurs : la « Fraternité », la » Hortense », la « Victoire », l’Austerlitz », la « Sirie » (pour la naissance du roi de Rome), la « Trénitz » (en l’honneur du fameux danseur mondain) .
Trois contredanses subsisteront sous une forme simplifiée et fixée qui donnera ensuite le quadrille français.
Quant aux contredanses anglaises, elles sont toujours pratiquées sous forme de réel écossais et dans les bals « regency ». Importées en Amérique et au Canada elles subsistent comme danses sociales pratiquées dans certaines associations. En France aussi on peut apprendre ces danses dans quelques associations.
Pour approfondir se reporter au livre de Jean-Michel Guilcher – Ed. Complexe –
« La contredanse un tournant dans l’histoire française de la dance »
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