La période BAROQUE se trouve entre la Renaissance et la période Classique.
- en histoire, elle commence à la mort d’Henri IV, se poursuit sous le règne de Louis XIII(1601-1643), sous celui de Louis XIV( mort en 1715 et celui de Louis XV (mort en 1774).
- en danse, elle s’étalle à peu près de 1600 à 1800
- en musique, elle commence avec Monteverdi (1600) et la mort de J-S Bach (1750).
Qu’est-ce qui est « baroque » ?
Le mot « baroque » fut employé pour la première fois en 1733 à propose de l’opéra de Rameau « Hypolite et Aricine » puis repris en 1855 par Jacob Burckhardt qui l’a fait entrer dans le vocabulaire des historiens d’art. Bien de « baroco » d’origine portugaise désigne une perle de forme irrégulière.
Quelque chose de baroque c’est : étrange, bizarre, transgressif, insolite, complexe, torturé.
Le baroque traduit : l’inconstance dans les sentiments, le doute profond, la dualité, la démesure, l’exubérance.
En art on cherche le trompe-l’oeil, la métamorphose, le mouvement, l’accumulation.
Aussi bien en danse qu’en musique, dans le baroque on recherche la complexité, la virtuosité, l’insolite, la performance ; les solistes virtuoses vont devenir de véritable « vedettes » qui s’arrachent les Cours européennes.
I – La danse à la période BAROQUE pratiquée au XVIIe sous Louis XIV
La danse devient un art majeur sous l’impulsion de Louis XIV car il est amateur de danse et y excelle dès son adolescence car il se produit dans de nombreux ballets. Le bal est un rite social de représentation que le roi transforme en rite politique. Les courtisans doivent savoir danser et paraître au bal au risque d’être écarté de la cour.
Plusieurs sortes de représentations se développèrent :
1° Le bal de cour :
Le bal de cour est très formel : les couples se présentent en cortège, puis un seul couple danse à la fois, regardé par le couple royal assis et par la foule des courtisans debout.
Les courtisans invités (convoqués serait plus juste) par le roi ; en effet il assemble les partenaires comme bon lui semble (mais ses choix sont réfléchis). Ils reçoivent un carton où est indiqué le programme des danses à présenter et l’ordre de passage selon la hiérarchie du titre. Les courtisans doivent préparer leur présentation avec un maître de danse afin de réussir leur prestation sous peine de ne plus être invités du tout.
Bon moyen trouvé par le roi pour occuper ses courtisans à Versailles avec la chasse.
C’est un «bal sérieux » où l’on se présente en habit « à la française » par opposition au « bal travesti » où l’on se présente costumé et souvent masqué afin d’y aller incognito pour s’amuser.
Les « ballets à entrées »
Les ballets reflètent l’ambiance de Versailles : ses entrées majestueuses, ses gavottes, ses menuets et les déplacements en jolies courbes et figures complexes à la géométrie étudiée, avec une exécution parfaite.
Ce seront les base de la « danse noble » ou « Belle danse baroque » caractéristique de l’école française la meilleure d d’Europe.
On s’arracha les maîtres à danser français partout en Europe. Ils jetèrent ainsi les bases de la danse classique internationale ; parmi eux on peut citer : Pierre GARDEL, Jean DAUBERVAL, Gaétan VESTRIS, Jean- Georges NOVERRE)
La langue française subsista dans le langage chorégraphique des écoles étrangères jusqu’à nos jours.
2° L’opéra-ballet et la comédie-ballet, nouveau style de divertissement
L’opéra italien que Mazarin essaya d’imposer à la cour n’eut pas de succès (trop long de plusieurs heures et des personnages burlesques de la Commedia dell’Arte, des satyres, des bouffons).
Seuls les ballets plaisaient avec de gracieux costumes et des savantes machines pour la mise en scène conçues par TORELLI, premier machiniste d’Europe.
De plus en plus de danseurs professionnels et quelques courtisans habiles entourent le roi. En 1662 il choisit d’apparaître au carrousel des Tuileries sous la figure du « soleil » ; il y exprime une idée politique forte. Il se produira sur scène jusqu’à ses 40 ans.
Le roi sut s’entourer de spécialistes compétents tels que :
Jean-Baptiste LULLY (1632-1687) venu d’Italie qui était musicien, danseur et metteur en scène se fit remarquer par Louis XIV qui le chargea d’organiser ses spectacles de divertissement. Lully conçut « l’opéra-ballet à la française » qui associe de façon cohérente le ballet classique au chant. Il écrit désormais la musique des spectacles. Il collabore avec Molière pour des « comédies-ballet » dont le fameux « Le bourgeois gentilhomme ».
Pierre BEAUCHAMPS (1631-1705) chorégraphe et maître à danser de Louis XIV pendant 20 ans. Né à Versailles d’une famille d’artistes, il s’imposa très jeune à la cour en tant que musicien et danseur. Il est nommé surintendant des ballets du roi en 1671 et compose toutes les chorégraphies et ce jusqu’en 1687 où il se retira de la cour.
Il aura jeté les bases de la « danse noble » et élabore un système de notation chorégraphique qu’il négligea de publier avec les pas, les ports de bras, les 5 positions classiques. Parmi ses élèves : BLONDY, Favier, Pécour.
C’est Louis-Guillaume PÉCOUR (1653-1729) qui lui succéda à l’Opéra puis BLONDY (1675-1739).
Tous les deux étaient aussi aidés par Isaac de BENSERADE poète, librettiste et serviteur du roi.
En 1701 Raoul FEUILLET publia le premier ouvrage sur la technique de la danse, à partir des recherches de Beauchamps : « Chorégraphie de l’art de décrire la danse par caractères, figures et signes » aussitôt traduit en anglais et en allemand. Ce système de notation permit :
– de stabiliser le caractère français de la danse
– de définir les 5 positions classiques des pieds et des bras
– de réglementer les pas
3° Les ACADEMIES créées par Louis XIV
Académie royale de danse (1664/1780)
En 1661 au début de son règne le roi inaugure l’Académie royale de danse qui aura pour but de « rétablir la danse dans sa perfection ». Désormais ce sont des professionnels qui dansent dans les ballets de BEAUCHAMPS avec quelques courtisans habiles entourant le roi ; jusqu’à ses 40 ans le roi participera aux opéras-ballets. En 1662 il choisit d’apparaître au carrousel des Tuileries sous la figure du « roi soleil » ; il y exprime une idée politique forte.
Les 13 membres de cette académie se recrutèrent parmi les maître à danser les plus connus, mais trop fermée, elle cessa d’exister en 1780 sans avoir joué un rôle appréciable.
Académie royale de musique
Entre temps le roi créa une autre académie dédiée à la musique en 1671.
l’Ecole de danse de l’Opéra
Créée en 1713 se proposa de « choisir les meilleurs sujets et de leur apprendre gratuitement le métier ». Francine et Dumont, tous deux directeurs, recrutaient des enfants de familles pauvres entre 9 et 13 ans pour leur apprendre la danse.
Cette école est à l’origine de l’actuelle Ecole de l’Opéra de Paris qui fonctionna sans aucune interruption jusqu’à nos jours.
Danses pratiquées à la période baroque (sous Louis XIV puis sous Louis XV)
Branles/cotillons/rondes/contredanses/ danse des brandons*
Danses à la cour et en ville :
Gavotte/menuet/passacaille/passepied/ la courante/ la gigue/la contredanse
Menuet : danse noble et élégante pratiquée au XVIIe et XVIIIe siècle – A 3 temps : l’appui étant sur le 1er temps toutes les 2 mesures.
Danse originaire du Poitou nommée ainsi à cause de ses pas menus. Louis XIV demanda que son rythme soit ralenti quand trop âgé, il ne pouvait plus le danser rapidement.
Les compositeurs du Baroque écrivent des morceaux indépendants ou intégrés à des suites de danses.
La Courante : danse ternaire
– à la française : temps lent – Elle disparaît entre 1720 et 1750
– à l’italienne : temps « allégro » à « presto » rythme enjoué
Au XVIIIe siècle
Un bal de la bonne société mêle en proportion variable :
Menuet/contredanse anglaise et française, et plus tardivement l’Allemande
La Gigue
– française (mais d’origine anglaise) – danse binaire – rythme vif et sautillant
Importée au XVII siècle par un luthiste français en France de retour d’exil en Angleterre. Cette forme « à la française» disparaîtra de la musique instrumentale vers 1740.
gigue italienne : forme vive et rapide. Se développe de plus en plus sous sa forme musicale
L’allemande : danse de couple avec des passes de bras puis de tours enlacés qui évoluera plus tard vers la « valse »
La contredanse
La contredanse anglaise a été importée en France par Isaac d’Orléans, maître à danser anglais de la dauphine (fille de Louis XV). Devant l’engouement des jeunes de la cour, leur maître à danser André Lorin est partie en Angleterre apprendre ces danses. C’est la forme en 2 lignes face à face qui est pratiquée depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
La contredanse française : certains pas baroques de la « Belle danse » sont gardés pour mettre en valeur la dextérité des danseurs. Mais elle se danse sur un plan carré de 4 couples. Après des apports de pas et de figures, elle retraversera la Manche notamment en Ecosse et en Irlande et donnera les « squares danses ». En France cela donnera les quadrilles.
Chaque pays va apporter ses variantes et ses rythmes musicaux. On retrouve aussi bien aux Etats-Unis qu’au Canada ou aux Antilles des danses qui ont la même origine.
Sources :
Histoire du ballet de Ferdinando Reyna – Ed. Somogy
Histoire illustrée de la musique chez Gründ